Ridsa
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort
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Le nouvel album de Ridsa a failli ne pas voir le jour. Coup de mou, coup
de blues, Ridsa nous confie d’entrée de jeu « Je ne me reconnaissais
plus dans ce qui se passait autour de moi, conjugué à des problèmes
personnels, j’ai voulu tout arrêter… J’ai eu un gros passage à vide,
parce que j’ai réalisé que mes deux derniers disques étaient très
différents. Si Tranquille avec ses sons urbains me correspond toujours
autant, je me rends compte que Libre était un trop gros virage vers la
variété. Je me suis un peu trop laissé séduire par les sirènes de la
facilité, oubliant par là -même pourquoi je me suis mis à faire de la
musique. J’avais des choses à dire, et non pas juste l’envie de multiplier
les vues sur YouTube ou Facebook. Si j’ai commencé à travailler sur ce
disque au mois d’avril dernier, j’arrêterai presque six mois, pour tout
reprendre vers octobre. Il me fallait vraiment faire le point. J’ai 28 ans et
déjà presque une dizaine d’années de métier… »
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Heureusement, l’artiste retrouve vite la rage qui est en lui et surtout,
parvient à canaliser ses émotions et ses doutes, ses angoisses et ses
envies. « Tout le monde m’énervait, je ne voulais voir personne, ce qui
est pour moi le meilleur des stimulants. Il fallait que ça sorte... » S’il
compose presque d’un coup 70 morceaux, il n’en retiendra que 18. Une
formule toute faite et bien connue s’anime et s’applique totalement à son
art : Toucher le fond pour mieux rebondir ou comme le disait Nietzsche
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Ce nouvel album revient aux
sonorités urbaines, sans négliger quelques envies de se défouler. C’est
presque un premier bilan, en tout cas l’évidence d’une profonde maturité.
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Ridsa a une première faculté étonnante, il peut écrire n’importe où, se
mettre à travailler dans n’importe quel studio, pas besoin d’un
environnement spécifique ni recours à une recette miracle. L’homme
possède une volonté à toute épreuve et une vraie force de caractère.
Il en a une deuxième, trouver les mots qui sonnent justes. Raconter des
expériences perso pour les rendre universelles. Pour ce disque, il
écoutera énormément sa mère et les souvenirs reviendront, de l’enfance
mais surtout de l’adolescence. Cet album est le plus personnel qu’il n’ait
jamais offert à son public, aussi le plus volontaire.
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Ridsa est fier de ne venir de rien, de s’être construit en indépendant, mu
par sa seule musique et les fidèles au nombre grandissant. Et si le public
a complètement craqué sur son côté lover, il doit se rendre compte ici
que ce n’est pas la seule facette de son talent. Qu’il y a d’abord un
artiste à l’écoute des autres, une plume qui se servira de son expérience
pour passer du je au nous, du personnel au collectif.
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"Vagabond" est un titre étonnant. Pour la première fois, la pudeur
s’envole pour se livrer comme jamais : Maman m’a dit / Je t’aime mon fils
m’inquiète pour toi / J’suis sur ce banc j’y passe la nuit encore une
fois… « En fait, je raconte mon histoire. C’est au moment des premiers
enregistrements à Paris, des premières télé. Je ne pouvais pas toujours
prendre le train le soir et je n’avais aucun argent pour aller à l’hôtel.
J’étais le petit gars de province qui débarquait plein d’espoir, et il fallait
que je m’accroche. Personne ne savait que je dormais où je pouvais. Ce
sont des images qui reviennent quand tu as envie de tout abandonner,
forcément, tu réalises que tu n’as pas fait tous ces sacrifices pour
abandonner… Le moteur principal c’est que je ne voulais plus être
dépendant de ma vie et de ce besoin de faire de la musique, c’est ma
mère. Je ne voulais plus être dépendant, je voulais qu’elle s’occupe
d’elle. »
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D’un coup, cette chanson devient forcément l’une des plus importantes
sinon la plus touchante de ce disque, normal qu’elle lui donne son nom.
Le genre de titre qui construit une légende, indissociable d’un autre "Je
les ferai danser". Un morceau à la double lecture… Bien sûr il y a cette
envie de se déhancher pour oublier les galères du moment, la fête est
toujours réparatrice, mais il y a également cette envie de se prouver Ã
soi-même et aux autres que l’on est capable de bien des choses. Que
l’âge de l’adolescence, des sceptiques ou des nombreux moqueurs aux
critiques abondantes est révolu. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort...
 "Je les ferai danser" sonne comme un défi, presque une revanche.
« C’est une réponse à tous ceux qui au quartier me disaient que je ne
ferai jamais rien. Là aussi mon histoire n’est pas unique, plein d’autres
s’y reconnaîtront… »
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Ce qui se conjugue donc parfaitement avec le deuxième extrait "Laisser
couler" de l’album que l’on a pu dé